S’habiller l’été

Ou comment rester stylé quand le mercure grimpe

Cher Loustic,

 

Ils sont de retour… Qui ça ? Les beaux jours ! Et le plus suspect dans tout ça c’est qu’ils reviennent tous les ans, à peu près à la même période. Un piège ? Sans doute ! Un complot ? Nous verrons…

 

Je vais t’épargner un long paragraphe introductif car tu n’as pas attendu cet article pour t’apercevoir que les jours rallongent (à contrario des vêtements), les bourgeons bourgeonnent, les fleurs fleurissent, les papillons papillonnent et les plagistes plagient.

 

Je tiens quand même à te mettre en garde. Les touristes hollandais se préparent… En douce, ils ourdissent de concert et dans le secret le plus absolu un complot visant à rendre aveugles tous ceux qui auront le malheur de les croiser sur les nombreuses stations balnéaires où ils sévissent. A l’heure qu’il est, ils éculent tous les magasins du Pays de Van Gogh à la recherche du bermuda qui fera sensation et qui par bonheur (pour eux) s’accordera avec leur duo gagnant : paire de sandales et chaussettes.

 

Afin que tu ne passes pas pour l’un d’eux, nous allons passer en revue les éléments qui font de l’été une saison pas comme les autres – parce qu’on ne peut pas appliquer sans comprendre – et nous te partagerons l’essentiel des choses à savoir pour réussir tes tenues de la cave au grenier.

Les contraintes

J’ai écrit les contraintes mais j’aurais plutôt dû écrire la contrainte en réalité. Le seul gouvernail qui vaille durant cette saison c’est la météo. Et plus précisément la valeur indiquée par le thermomètre. Ce gain de degré parfois extrême a pour conséquence de drastiquement diminuer le nombre de pièces que tu peux porter car, instinct de survie oblige, la superposition (ou layering en langage de pro) reviendrait à jouer un jeu dangereux.


D’où cette épineuse question : comment faire mieux avec moins ?

Les vêtements pas ordinaires (on porte peu de pièces alors il faut oser)

Quand tu es amené à composer une tenue avec uniquement 2 ou 3 vêtements, leur sélection n’en devient que plus importante. C’est comme si tu devais faire un discours avec seulement une dizaine de mots. Pour en dire beaucoup avec peu, il faut opérer une sélection méticuleuse. Place à des pièces fortes avec des coupes travaillées, des textures ambitieuses et des couleurs téméraires.

On te propose une liste de quelques vêtements qui vont te permettre de t’amuser et de sortir du train-train jean-baskets :

1) La safari jacket : 

On la reconnaît d’emblée à ses quatre poches. Celles du haut sont à rabats tandis celles du bas sont plaquées ou à soufflet. Ce type de modèle dispose d’une rangée de boutons sur toute sa longueur son le col ressemble à celui d’une chemise. C’est une veste polyvalente, qui s’insère sans problème du style sartorial au casual et parfaite pour les soirées d’été quand il faut se protéger de la brise tout en restant au frais.

2) Le cardigan à col polo : 

C’est une pièce pour le moins originale, une fusion entre un polo et un cardigan. L’emprunt au polo se trouve au niveau du col tandis que le versant cardigan provient du boutonnage répartit sur toute la longueur de la pièce. On peut en trouver à manches courtes comme sur l’exemple ci-dessus ou à manches longues comme chez Pini Parma (excellente marque). C’est un vêtement versatile qui peut être porté fermé à même la peau ou bien ouvert sur un t-shirt. Ne tente pas le double col polo, tu risquerais de provoquer la rupture du continuum espace-temps.

3) La chemisette : 

Pour celle-ci je vais commencer par la conclusion. C’est un type de pièce délicat. Premièrement, fuis les chemises formelles en popeline auxquelles on s’est contenté de raccourcir les manches. Avoir le séant entre deux chaises n’est pas bénéfique quand il s’agit de style. 

 

Deuxièmement, tu constateras vite que, hormis les non-sens que je viens de te citer, la chemisette est un vêtement sur lequel les marques s’en donnent à cœur joie avec les motifs. Tu me diras que c’est justement ce qui fait tout leur intérêt. Tu as bien raison… À condition que ce soit bien fait. Une belle chemisette c’est très dur à faire et on sombre vite dans le mauvais goût. 

 

Je te conseille d’en acquérir une belle, quitte à y mettre le prix. Elle peut se porter de la même façon que le cardigan à col polo cité précédemment. Opte plutôt pour un débardeur qu’un t-shirt et c’est l’effet vacances garanti ! Vous avez dit débardeur ? 

4) Le débardeur : 

Debardeur 3
Je te la fais courte, c’est une bonne alternative au t-shirt. Son col est en général plus échancré ce qui permet de mieux supporter la chaleur. Pour être sûr de ne jamais te tromper, utilise-le en remplacement au traditionnel t-shirt blanc que portes sous ta chemise (ou ton cardigan à col polo. Hormis pour une sortie plage, je ne recommande pas le port du débardeur seul.

5) Easy pant : 

Warning !! C’est un vêtement piégeux, hautement déconseillé à tous ceux qui rêvent d’avoir des vêtements aussi confortables que leur pyjama. Ces pantalons sont tellement agréables à porter que vous ne voudrez jamais en sortir. Ils sont coupés plutôt amples et fermés par un cordon de serrage, ce qui accentue le rendu décontracté de la pièce. Opte pour un tissu à base de lin, seul ou en mélange et sois sûr qu’il deviendra ton meilleur ami pour les beaux jours. Dernier détail, prend une version à pince si tu veux un aspect plus formel (il gardera tout de même sa touche nonchalante, c’est un rebelle dans l’âme).

6) Safari short : 

Le short c’est un peu casse-gueule. Oui je suis grossier… mais j’ai une raison valable ! Sauf pour se rendre à la plage je ne suis pas un grand amateur. Du moins c’est ce que je pensais jusqu’à ce que je découvre cette merveille sur le site de la marque Informale (du très très bon !) et que je change mon fusil d’épaule (expression habillement choisie au regard de l’inspiration militaire du modèle ci-dessus). Les doubles passants superposés et les pinces m’ont convaincu. Vous trouverez également de très beaux shorts dans un registre plus sartorial (c’est-à-dire habillé ou formel) et moins militaire chez Pini Parma.

7) L’espadrille : 

C’est comme des mocassins mais en mieux. La raison est simple, elle n’a pas cette connotation bourgeoise qui peut rebuter ceux qui veulent se frotter aux mocs (c’est leur surnom pour les intimes). La cerise sur le clou du spectacle c’est que l’espadrille est très polyvalente. Aussi à l’aise au sein d’un look habillé que décontracté. Ne fronce pas les sourcils, je sais que ça peut paraître contre-intuitif mais essaie et tu comprendras. Elles existent en tellement de déclinaisons de matières et de couleurs que tu es sûr de trouver ton bonheur. N’aies pas peur de prendre une couleur voyante, c’est un moyen simple d’ajouter de la couleur à une tenue (un peu comme avec un bonnet en hiver).

 

De façon générale, l’été c’est la saison par excellence pour porter des pièces plus « fortes » (lire ici originale) qu’à l’accoutumée. Je t’invite tout de même à n’utiliser qu’une de ces armes de style massives par tenue, sinon gare à l’hécatombe. Tu peux aussi rester sur des types de vêtements conventionnels (t-shirts, chemises, chino) mais dans des déclinaisons peu communes. Il y a de nombreux paramètres sur lesquels jouer mais je pense en premier aux textures et aux couleurs. En parlant de couleurs…

Les couleurs en été

Je vais te donner une astuce qui, lorsque je l’ai trouvée, m’a probablement autant secoué que Thomas Edison lorsqu’il a découvert l’ampoule.

La meilleure source d’inspiration que tu puisses trouver pour l’association des couleurs est gratuite et elle t’entoure. Dis comme ça on pourrait croire à une énigme du Père Fouras, je vais donc te laisser quelques secondes de réflexion. Je t’imagine balayer la pièce du regard en te disant : « de quoi ce couillon est en train de me parler ». Deux choses : premièrement ça n’est pas très poli et deuxièmement elle ne t’entoure peut-être pas au moment où tu lis ces lignes. Mea Culpa…

Je parle de la nature ! Voici le contexte : j’étais en promenade le long des côtes Bretonnes au cours de ce que je pourrai qualifier du premier beau week-end de l’année. Je me souviens avoir été frappé de l’harmonie qui se dégageait des paysages que j’avais sous les yeux. Où que je les pose, je trouvais des couleurs se mêlant, se répondant. Il y avait tout : du contraste ferme et définitif au fondu le plus doux qui soit.

La bonne nouvelle c’est que les marques s’en sont également rendues compte et sortent toutes des collections printemps été avec des teintes reprises de ces fameuses couleurs naturelles dont je viens de te faire l’éloge. Parmi mes favorites on retrouve des déclinaisons de verts comme l’apaisant vert sauge ou le dense vert sapin. J’aime aussi bon nombre de couleurs chaudes qui gravitent autour de l’orange ou du rouge à l’image du terracotta ou du pêche. Le plus beau dans tout ça c’est qu’elles sont relativement faciles à accorder entre elles. Mais comme je ne suis pas avare de bons tuyaux je vais te donner quelques exemples très simples. On va repartir des fameux paysages dont je t’ai parlé plus haut.

Je sais… c’est beau. C’est le phare de Mean Ruz (“pierre rouge” en breton), un des nombreux qui bordent la côte de Granit Rose.

On va tenter de s’inspirer de cette image pour associer les couleurs au sein d’une tenue. Ce qui ressort immédiatement c’est le contraste entre le bleu intense de l’eau et la teinte pêche donnée au granit  par le soleil. Association couleur chaude, couleur froide. Portez votre attention à droite et vous remarquerez un carré de verdure. Il se lie harmonieusement à la pierre et ses formes tortueuses. Dernier point, observez le fondu de bleu entre le calme de l’océan et l’azur du ciel. Ça sent bon le camaïeu !

 

Mettons ça en pratique voulez-vous ? Je vois bien un pantalon assez fluide en denim. Mais pas un jean, quelque chose de plus original comme un pantalon ceinturé par exemple. Ça sera la pièce forte de la tenue. Je l’associe à une chemise en lin couleur pêche. Et si je voulais doubler la mise, je passerai un bandana vert entre mon cou et ma chemise. Et voilà ! On a repris le triptyque de la photo : océan, pierre et verdure, interprétés respectivement par le pantalon, la chemise et le bandana. Bravo à nos trois acteurs.

Si vous préférez le subtil dégradé de bleu et que le camaïeu vous fait de l’œil, qu’à cela ne tienne. Vous enfilez un beau short en denim délavé et un t-shirt à motif marinière bleu marine. Vous retrouvez le bleu intense de l’océan dans le marine du t-shirt et le bleu clair du ciel avec en prime le blanc, visible à l’horizon et dans l’écume des vagues. On se croirait à la plage !

J’ai volontairement choisi une seconde photo qui ne paie pas de mine au premier regard. Et pourtant…

 

La star se trouve au premier rang et on ne remarque qu’elle. C’est le jaune. Il n’aurait pas la même importance s’il était placé sur un fond blanc, couleur neutre par excellence. Le vert au milieu duquel il est dispersé l’élève à son plein potentiel. Ces deux couleurs travaillent en équipe sur votre œil. Au second plan on parvient toujours à déceler la star, mais par petites touches.

 

Elle est contrainte de céder sa place au terracotta qui crée ici une impression de continuité avec le vert. Le fait que ces deux teintes soient d’intensité équivalentes atténue la confrontation entre couleur froide et chaude. Le gris de la pierre finit de tempérer ce duo par sa neutralité.

 

On applique : pour notre duo jaune vert, je ne vois pas mieux qu’un pantalon vert sapin en lin surmonté d’un polo jaune tirant vers le safran (le jaune premier degré est assez difficile à porter, surtout sur les peaux claires). Quant à notre trio au second plan, optons pour un fatigue pant terracotta, un t-shirt gris clair et une saharienne verte.

Au risque de me répéter, c’est une astuce extrêmement simple à comprendre et à appliquer. Use et abuse-en !

Le mal sans remède, mais on peut atténuer les symptômes

On ne va pas y aller par douze chemins pour tourner autour du pot sachant que toutes les routes mènent à Rome. L’été il fait chaud ! Je sais ça peut choquer, j’espère que tu étais assis. Et quand il fait très chaud, quoi qu’on dise, peu importe la couleur ou la matière dont tu te drapes, il n’y a point de salut. Chaque atome de tissu recouvrant ta peau accentue la surchauffe. Le mal étant incurable, on peut tout même la jouer fine pour atténuer les symptômes de cette maladie appelée : j’ai chaud au slip.

 

Le remède est sans appel : couleurs claires, coupes amples et matières respirantes. A administrer au patient tous les jours jusqu’à l’arrêt de la canicule.

 

Pour les couleurs, je ne t’apprends rien en disant qu’en cas de forte chaleur le foncé est à proscrire. Il y a de nombreux choix de couleurs claires, simples à associer et qui vont à tout le monde. Parmi ces dernières tu retrouves évidemment le blanc mais aussi les nombreuses déclinaisons du beige, et les nuances les plus calmes de bleu et de vert.

 

Pour les coupes, l’idéal est d’éviter tout ce qui colle trop à la peau. Venant de moi c’est une remarque surprenante puisque ma préférence va très largement aux coupes ajustées. Mais c’est peut-être l’occasion de s’essayer à un autre type de silhouette et qui sait ? De l’apprécier. Si comme moi, tu aimes les coupes ajustées, tu peux commencer par prendre des vêtements un poil plus larges. Les marques ont naturellement tendance à élargir leurs coupes sur les pièces des collections printemps-été.

 

Et enfin pour les matières, tu as le choix de la raison : le lin. L’aspect sec et chiffonné de la matière est la raison exacte pour laquelle tu vas la détester au départ et l’adorer ensuite. Si malgré tous tes efforts pour l’apprécier tu n’y parviens pas ou si tu veux ajouter un peu de diversité à ton vestiaire, le lin est présent en mélange dans quantités de tissus estivaux. Il est souvent associé à de la laine, du coton voire de la soie et permet aux étoffes de respirer tout en évitant à la matière de froisser trop facilement.

Il pleut… des accessoires

C’est l’été et oh désespoir il pleut… Je parle ici de la pluie d’accessoires qui s’abat sur ton corps et te fait déverser des torrents de style emportant dans les flots de la jalousie tous les fâcheux qui auraient la mauvaise idée de jacasser à ton endroit.

 

Métaphore douteuse mise de côté, l’été c’est le moment où tu peux accumuler bracelets en tout genre et autres bagues ou colliers. Honnêtement, il y a des tonnes de genres différents allant du bijou ethnique à l’apparat très épuré.

 

La seule règle, hormis celle d’en porter, c’est qu’il n’y en a pas !

En plus des bijoux, tu peux opter pour deux accessoires que j’adore. Ils ont de la gueule et pourtant tous les hommes les boudent : je parle du bandana et du foulard ! En plus de donner une touche de sophistication ou un trait baroudeur à ta tenue – en fonction de la pièce que tu choisis et de la façon dont tu la noue – ils se révèlent être précieux en cas de brise.

Le paradoxe du porte-monnaie

Tu risques de découvrir à ton corps défendant que pendant la belle saison, il n’y a pas que toi qui transpire, ton porte-monnaie aussi.

Eh oui, c’est bien beau les belles matières et les belles teintes mais tout se paye. Le surplus de raffinement que tu vas chercher sur tes pièces estivales se matérialise en écus sonnants et trébuchants. Au final, comme tu as moins de pièces sur le dos, donc à acheter, les comptes s‘équilibrent. Si tu es du genre à te faire une enveloppe pour tes achats sur une année, je te conseille d’avoir un budget quasi équivalent pour le printemps-été que pour l’automne-hiver.

 

Ça y est, nous avons fait le tour. Tu disposes maintenant de nos meilleurs conseils pour rester stylé durant les beaux jours.

Espérant que cet article t’aidera à sublimer ton été et t’enjoignant à nous suivre sur Instagram, je te dis à très bientôt.

Bien à toi,

Hep, hep, hep, avant de se quitter, on récapitule !

Les notions théoriques :

  • L’été le mercure est ta seule boussole : ne porte pas plus de 2 à 3 pièces par tenue
  • Pièce forte = pièce originale (peut être un vêtement ordinaire dans une déclinaison inattendue : couleur, matière…)
  • Fait la part belle aux couleurs naturelles : elles sont faciles à associer entre elles
  • Pour aller plus loin sur les couleurs :
    • Les couleurs froides et chaudes sont complémentaires
    • Des teintes d’intensité équivalentes calment les contrastes
    • Utiliser une troisième couleur neutre lorsque deux autres couleurs présentent déjà un fort contraste
  • Aucune limite concernant les accessoires

La mise en pratique :

  • Porte une pièce forte par tenue
  • Observe la nature pour trouver des associations de couleurs (bonne excuse pour sortir de chez toi)
  • Essaie des coupes plus amples que d’habitude et familiarise toi avec le lin
  • Multiplie les accessoires de toutes sortes (coup de cœur personnel pour le bandana)
  • Fais toi un budget printemps-été quasi équivalent à l’automne-hiver (pièces plus chères mais moins nombreuses)